J'ai écrit cette nouvelle pour répondre à un appel à textes des éditions Antidata; thème imposé : la fuite.
Voici le début du texte que je viens d'envoyer. J'offre un de mes livres à qui découvrira de qui il est exactement question dans la nouvelle, et où elle se passe principalement (quelle ville).
A vos marques ? Prêts ? Partez !
"Plus il s’approche de la ville, dévalant la pente de l’ancien cratère à dos de mulet, plus grandit en lui, au-delà de l’image de la cathédrale hissée sur son promontoire telle un phare vénitien au-dessus d’une mer de tuiles rouges, la certitude que l’attend, au bout du chemin, l’incarnation de son rêve le plus fou parmi tous ceux qu’il ait conçus au hasard de ses emplois en Italie, les scaphandres à un œil, machines à voler au vent, sous-marins curieux et autres chars à guerroyer ; ce rêve qu’il appelle dans ses carnets sa « cité idéale ». La Faucheuse ne tardera plus à venir l’étêter, il le sent, et cette fuite en France qui l’a fait quitter sa terre natale (qui l’a tant déçu) viendra conclure une vie infiniment remplie, et plus longue que celle de beaucoup de ses contemporains. Bientôt, il aura soixante-quatre ans.
Sa bouffée d’espoir se nourrit des premiers détails qu’il devine en trottant de sapins en châtaigniers : les cloîtres, clochetons et arcs-boutants de l’un des plus fameux édifices de la chrétienté (à l’intérieur est conservée la Vierge Noire) ; le kaléidoscope de demeures en damier qui le ceint (sans doute sont-elles entourées de jardins) ; et sous elles, les utilitaires logis offrant leurs fenêtres à l’ouest — à la lumière. Joueur autant que ripailleur, le cavalier parie qu’en contrebas de l’ensemble coule une rivière assez vive pour évacuer les souillures de la ville et de ses habitants. Si tel est le cas, l’un des problèmes à encore traiter sera de hisser de l’eau à niveau de la cathédrale ; coulant de là, elle rincera les rues par simple effet d’écoulement. Peut-être un ample bassin creusé suffira-t-il ? La lave est un matériau tendre."
Comments